A la recherche du speakeasy
Vous avez peut-être entendu parler de ces bars cachés dans les recoins des villes. Derrière une porte dérobée, camouflé par une cabine téléphonique ou encore situé dans l’arrière-cour d’une laverie automatique, le speakeasy ne s’offre généralement jamais au premier regard. Voici un tour d’horizon sur ces coins dissimulés.
Histoire du speakeasy
Ces bars cachés ont été initialement créés lors de la période de prohibition de l’alcool aux Etats-Unis, dans les années 20. C’est le 18ème amendement de la Constitution américaine qui a interdit la fabrication, le transport, la vente et le commerce extérieur d’alcool. Cette mesure édictée en janvier 1919 visait à lutter contre les violences conjugales et les comportements jugés déviants par les pasteurs.
Dans l’entre-de-guerre, sortant grand vainqueur du conflit, la nation américaine entre dans un âge d’or qui se caractérise par un boom industriel, une croissance économique modèle et un essor de l’immigration. Parmi les vagues de migrants arrivent des Écossais et des Irlandais. Ces derniers amènent avec eux leur culture, et notamment leur amour de l’alcool fort.
La consommation d’alcool entraîne une réaction des conservateurs, qui s’organisent en lobbies. Ils arrivent finalement à faire édicter cet amendement, qui proscrit l’alcool à travers 32 Etats. Néanmoins, cette décision s’accompagne d’une contrepartie néfaste, puisque elle est à l’origine d’un développement de la criminalité.
Les mafias italiennes s’emparent du marché noir et de la contrebande, certains noms célèbres se bâtissant une véritable fortune sur la situation (tels qu’Al Capone, cliquez ici pour en savoir plus).
Entre temps, les américains se sont habitués à fréquenter des lieux secrets, où ils peuvent encore commander des boissons alcoolisées. Le terme « speakeasy » provient de l’obligation, pour la clientèle, de ne pas parler à voix haute. Ils évitaient ainsi d’attirer l’attention et pouvaient continuer à fréquenter ces endroits dissimulés.
Il fallait toutefois s’attendre à ce que du jour au lendemain, la localisation change ou disparaisse tout simplement. Le fait est qu’avec le risque légal, les tenanciers qui se sentaient menacés pouvaient librement déplacer ou arrêter leur activité.
Fin d’une période, et nouvelle mode
La Prohibition s’arrête en avril 1933. La fin de l’amendement survient après l’action de ses opposants qui avancent de nombreux arguments, tels que la réduction des libertés individuelles ou le manque à gagner des taxes. Par ailleurs, l’émergence du speakeasy est la preuve que la loi ne fonctionne pas et qu’elle est relativement inefficace (visitez ce lien pour plus d’informations).
Un dernier argument réside dans le krach boursier de 1929, qui fait plonger l’économie américaine et exploser les chiffres du chômage. Maintenir l’amendement revient alors à aggraver les difficultés à trouver un emploi pour la population, puisque c’est tout un secteur qui est touché. La levée de la Prohibition signe la fin provisoire du speakeasy.
C’est à New York, en 2007, que le Please Don’t Tell ouvre ses portes et réactualise cette pratique. Pour pénétrer dans l’établissement, il faut passer un coup de fil depuis une cabine téléphonique. Trois ans plus tard, le concept s’exporte à Paris avec la Candelaria, qu’on ne peut trouver qu’au fond d’un restaurant mexicain. L’idée séduit les parisiens, qui font du phénomène un véritable succès. Aujourd’hui, les adresses se sont multipliées (à découvrir sur ce site).
L’idée est de se retrouver dans ces bars secrets pour siroter des alcools rares, des crus anciens, des cocktails parfois à base de champagne… Le prix va naturellement de pair avec l’aspect exclusif de ces endroits. Mais l’ambiance est aussi l’atout majeur d’un bar secret. Espaces feutrés, musique d’ambiance douce, mixeurs et atmosphère chaleureuse sont au rendez-vous. N’hésitez donc pas à embarquer vos amis pour partager une soirée dans la tranquillité d’un bar clandestin !