La fourrière, cauchemar des conducteurs d’Ile-de-France
La fourrière… Sa seule mention peut déclencher des cris d’orfraie et diffuser un parfum de scandale. Elle est la terreur des automobilistes et la poule aux œufs d’or des services municipaux. Critiquée par les conducteurs qui en subissent la sévérité, elle est défendue par ceux qui pensent que la meilleure place pour une voiture, c’est encore au garage. En région parisienne, où la circulation est plus dense qu’ailleurs, on risque bien d’y retrouver son véhicule tôt ou tard.
Un monde fou, fou, fourrière
Si vous avez déjà eu cette chance de conduire dans et autour de la capitale, si possible aux heures de pointe, vous avez une petite idée de la densité de circulation qui pèse sur la région parisienne et des difficultés que ce flot ininterrompu de véhicules peut générer. En termes d’engorgement des voies routières, d’abord. Et pour ce qui est du stationnement, ensuite.
Faute de pouvoir se garer aisément au cœur des villes, les automobilistes ont un peu trop tendance à choisir des solutions plus faciles – et moins coûteuses. Par exemple : stationner n’importe où, à cheval sur un trottoir, les roues indûment posées sur un passage piéton, au détour d’un virage ou, tout simplement, sur une zone prohibée. C’est là que les fourrières interviennent.
Et les fourrières, c’est un système qui fonctionne à pleine vapeur. Diffusé en 2014, ce reportage nous rappelle que, chaque année à Paris, ce sont 250 000 voitures qui sont enlevées et emportées en fourrière, soit un véhicule toutes les deux minutes. De quoi assurer les revenus annuels de la municipalité.
Mais d’où vient que les fourrières aient tant de travail ? Comment expliquer l’existence d’une telle problématique de stationnement dans Paris et les villes qui l’environne ?
Laissez place !
Comme pour toute grande zone urbaine comme Paris et sa petite couronne, le problème n’est pas d’arriver à destination au fil des kilomètres d’embouteillages, qui font passer ceux de la nouvelle de Julio Cortázar, « L’Autoroute du Sud », pour de simples ralentissements. Non, le souci, c’est ensuite de trouver le Graal : une place pour se garer.
Car les politiques de développement des transports en commun et des véhicules propres ne peut se faire qu’aux dépens des places de stationnement, aussi bien dans Paris que dans les grandes villes qui l’entourent, dont la densité est étouffante, et les possibilités de laisser son véhicule en extérieur plus de quelques minutes, quasi inexistantes.
Voies de bus, places de stationnement transformées en parkings pour Vélib’ ou pour Bluecar… Les voitures sont petit à petit déportées du centre vers la périphérie (comprendre : garez vos véhicules près des gares de banlieue et prenez le train), et de la surface vers les sous-sols (direction les parkings souterrains à des prix exorbitants). Sans parler le coût horaire des parcmètres qui pourraient réveiller un mort.
Mystérieuses disparitions
C’est pourquoi il n’est pas rare d’observer un camion de fourrière en plein travail d’enlèvement, opérant sur un véhicule en situation de stationnement abusif (à Paris, celui-ci est supérieur à 48h sans déplacent de la voiture), gênant ou dangereux.
Il y a des chances que vous ayez déjà vécu cette scène : au sortir d’une sympathique soirée, vous découvrez que votre voiture a mystérieusement disparu. Peut-être même ne l’avez-vous pas fait exprès : vous n’aviez pas vu les lignes jaunes indiquant une zone de livraison que le temps a partiellement effacées, et dont les contours se sont fondus dans la nuit.
Si vous vous retrouvez dans cette situation, il vous faudra aller récupérer votre véhicule :
- En préfourrière, dans les 5 jours après enlèvement
- En fourrière, au-delà de 5 jours après enlèvement et dans un délai de 45 jours
En prenant soin, avant toute chose, de verser une jolie somme – frais de remorquage et de garde, voire frais d’expertise en fourrière. Pour en être sûr, le site de la préfecture de police vous permet d’entrer votre numéro d’immatriculation afin de vérifier si la fourrière n’aurait pas décidé de vous inviter à une balade dans l’un de ses centres d’accueil.
Mais autour de Paris, dans cette région si dense, comment savoir ce qu’est devenue votre voiture ? Où l’a-t-on donc emmenée ?
Un exemple : la fourrière Courbevoie
Prenons un exemple : imaginons que vous vous fassiez enlever votre voiture lors d’une visite dans la ville de Courbevoie, dans les Hauts-de-Seine. Faute de pouvoir trouver un stationnement, et l’heure de réservation de votre dîner au restaurant étant passée depuis plusieurs minutes, vous avez opté pour ce joli trottoir qui, malheureusement, n’était pas prévu pour stationner.
Les agents de la fourrière Courbevoie (qu’il est possible de découvrir sur cette page) sont passés par là, et ont convié votre véhicule à une soirée privée dans un parking centralisé avec d’autres clandestines de la route. À votre retour, stupéfaction : la place est vide, il n’en reste plus même une roue. Où faut-il aller chercher votre précieuse auto ?
Courbevoie est un bon exemple car, à l’instar de la majorité des villes qui entourent directement Paris, elle subit un trafic très dense dans un espace urbain extrêmement étroit. Il est très compliqué d’y circuler et encore plus d’y stationner de façon légale et non abusive.
En outre, la ville n’a pas la place de conserver les véhicules enlevés en son sein : elle a donc externalisé sa fourrière qui se trouve, en fait, à l’intérieur de Paris, avenue Foch, non loin de là. La plupart des agglomérations francilienne font de même : elles envoient les véhicules dans des préfourrières et fourrières situées dans ou autour de Paris, mais en-dehors de leurs limites.
C’est un paradoxe qui n’amusera que les piétons, ou les automobilistes détenteurs d’un parking privatif : le fait que la région parisienne manque tellement de stationnements que même les fourrières n’ont plus la place de s’installer en ville !